Un petit-déjeuner avec de quoi remplir l’estomac pendant que tourne les sujets des prochaines créations. Je vois des fleurs dans les abstraits. La présence du soleil m’a désigné des fruits et des visages à éparpiller un peu partout comme une prairie fleurie. Je sais faire ça. Le vieux Moleskine est ressorti avec le portrait de Krishnamurti. Antoine Bourdelle avait fait son portrait.
Entrer dans le rôle de parent dans son symbole, dans sa réalité est transcendant. Ma tante a prise cette photo lors de mon baptême. Enroulée dans un gilet à capuche, ma main sur la manche de mon père, je devais regarder sur ma gauche sûrement l’un des invités. Il portait encore la barbe à cette époque mais s’est vite rasé pour ne plus que je pleure. Il est plus beau sans d’ailleurs. Je n’arrive toujours pas à faire son portrait. Son visage change et devient un autre visage à chaque dessin. Cette photo m’a été remise il y a quelques années. À cette période, Shining, l’enfant lumière, écrit par Stephen King faisait parti de ses lectures. Il voyait l’enfant comme le sauveur. La dernière génération née, il s’est mis à préférer les vieux. Bonne fête papa.
En bicyclette au Vésinet, de Léon-François Comerre, 1903, huile sur toile, 199 x 115 cm
Journée mondiale du vélo, aujourd’hui, jeudi 3 juin 2021. J’ai vu ce tableau au Petit Palais à Paris. C’était pour une séance de dessin avec un petit groupe de fans. Nous cherchions les correspondances avec nos vies et avions fait notre trou devant ce qui nous y faisait penser. L’organisatrice voulait m’imposer un autre tableau avec une femme plus agée allongée dans des vêtements du soir. Cela m’a perturbée et je n’ai pas pu dessiner la jeune fille et son vélo. J’ai fait le portrait d’une poétesse me sentant obligée de tracer des lignes en souterrain. En remontant à la surface, que vois-je ce matin sur mon ordinateur ? En bicyclette au Vésinet. Quel hasard. J’espère que c’est une bonne journée pour vous comme pour moi.
Libre des interdits, le silence quitte l’atelier pour la musique des pinceaux. Frottements, grattements, verre tapé et eau agitée par son côté pointu. Je regarde un film.
[…] Si je te dis de me parler d’art, tu vas me balancer un condensé de tous les livres sur le sujet. Michel-Ange, tu sais plein de trucs sur lui. Sur son oeuvre, sur ses choix politiques, sur lui et sur le pape, ses tendances sexuelles, tout le bazar quoi. Mais je parie que ce qu’on respire dans la Chapelle Sixtine, son odeur, tu connais pas. Tu ne peux pas savoir ce que c’est que de lever les yeux sur le magnifique plafond. Tu sais pas. […]
J’ai travaillé la guidance et la reliance. Pour connaître les deux, je peux dire qu’ils ne s’entendent pas beaucoup. Lequel de ces systèmes indiquer en premier ? Le développement personnel et le développement professionnel sont si différents que certains sont persuadés de n’avoir à rencontrer que l’un des deux. C’est impossible. Notre génération a tout touchée et se brûle les doigts à chaque fois qu’elle se retrouve à créer du sens à une autre génération. On nous contraint à tout assumer sans rien séparer. Notre métier brille et donne par des loisirs beaucoup de cachet à des robots, des eaux, des araignées, des extraterrestres, des costumes, des archétypes tout droit sortis de l’inconscient qui ont pris racine au travail ou dans la vie privée. Un mur d’imagination né. Excellent. Il s’agit de devenir humain.
Plus loin, plus bas, du centre de la terre, sous les couches terrestres formées par les événements climatiques.
C’est le moment de faire ses commandes de semences pour celles et ceux qui ont un jardin ou un balcon. Après le nouvel an qui s’accompagne souvent d’herbes non utilisées à jeter dans la nature, je fais le tour des graines récoltées et des graines données dans le périmètre de mes connaissances. Elles ont toutes tenues et cherchent la liberté. J’ai volé des fleurs dans ma vie et des graines comme une pie attirée par l’or. Du coup j’achète des arbustes qui ne vont pas à l’intérieur et que je garde un mois comme un sapin de Noël avant de les replanter dans la forêt. C’est équitable. Certaines sont obligées de revenir là d’où elles proviennent tant le type de sol diffère d’une agglomération à une autre. J’en ai marre de l’ailanthe qu’ils nous ont planté partout en remplacement du ginko (avant cela encore du prunier), c’est moche et question absorption d’air pollué je fais les yeux ronds. Le plan de l’armée secteur espaces verts pue. On a retiré l’amiante depuis longtemps quand même. Salut.
Portrait de mitaines écarlates, auteure du livre de cuisine C’est pas de la tarte.
Le butô est appelé « danse des ténèbres », littéralement « mouvements compulsifs dans l’obscurité », il est né en 1959 au Japon et prend sa source aux heures les plus noires d’Hiroshima et de Nagasaki. Les cendres et les morts venus de la bombe H ont laissé le pays dans le noir de nombreuses années. Avancer et mémoriser devient un enjeu essentiel pour le pays qui entre en résistance. Il sera au début mal accueilli par son pays d’origine et fera découvrir aux occidentaux déjà habitués à cette danse, soeur de chorégraphies nées pendant et après la seconde guerre mondiale (la mort, la sorcière, de Vakeska Gert pour n’en citer qu’une). Viendront en France des artistes comme Kazuo Ohno, Carlotta Ikeda, Ushio Amagatsu, très désireux de faire connaître ce courant. Avec les générations suivantes, le Butô étend son répertoire à la fois classique et contemporain. Il invite les danseurs amateurs et professionnels à passer la porte d’un studio de danse et essayer.
texte de Pascal Quignard, chorégraphie et danse de Carlotta Ikeda, Medea
« … , mais le fait de « penser » avec sa tête entrave les mouvements du corps et leur fait perdre ce qu’ils ont de naturel. C’est pourquoi il faut faire en sorte de rester le plus inconscient possible sur scène.»
« Sur ces montagnes où ne pousse aucune herbe, cherchant mes pensées au milieu des souffrances, je me prends à devenir un fantôme. » Kazuo Ohno, notes manuscrites de La Mer Morte / The Dead Sea
Kazuo Ohno et son fils – La Mer Morte / The Dead Sea
Description de la butô-thérapie.
Libérer ses démons. « … concerne l’accompagnement de personnes touchées par des douleurs physiques chroniques, par des douleurs émotionnelles, la fibromyalgie, l’anorexie, et tant d’autres pathologies. »
Pendant les travaux cet été dans le couloir et l’escalier de la maison, j’ai pris quelques photos. J’aime pas le bâti, ça sent le plâtre et la pierre humide. J’aime le velours et les lieux calfeutrés. J’aime pas quand on met la déco du jardin dans la maison, ça sent le plastique et rappelle les salles d’attente. Je ne sais pas quoi mettre à cet endroit. J’ai le souhait d’un tapis d’une certaine couleur, d’une table rouge sombre, de petites plantes qui invitent à la réflexion dans du verre et dans de la terre. Je ne vais pas les dessiner, je vais prendre d’autres photos et en reparler.
Inspirée par un arbre sur la pelouse située entre l’Université de Jussieu et le Jardin des Plantes. Quelque part dans ma tête les lions d’Eugène Delacroix et du Douanier Rousseau, Claude Monet invisible cherche à apparaître tel le soleil sur la cathédrale de Chartres. Les lumières ont trouvé dans mes couleurs un automatisme qui agit comme un sésame. Une porte à cet endroit s’est ouverte. Je pense souvent aux étudiants dans les parages qui grandissent trop vite et que l’on maintient un peu dans l’enfance de X façons. Ces peintures bien que de formes figuratives se veulent abstraites dans le montage et les couleurs. Le duo s’est prolongé sur trois toiles avec l’excitation de la ville en arrière fond. Je cherche à atteindre un axe par la ligne et la courbe.
Entre deux forces de la nature, les fruits et les visages que je cherche à acclimater me demandent un effort peu commun. Combiner les ruines aux animaux. Je le vois comme une suggestion bienvenue qu’il est temps d’approcher. Pourquoi l’homme continuerait avec sa couronne de fleurs de se croire supérieur sans preuves pour l’attester. Il y a des marqueurs de temps si présents dans l’atelier qu’ils doivent s’inscrire dans l’esprit du lieu. Ces outils s’insèrent avec contrôle et mesure. 🎨
L’atelier est sans dessus dessous mais je tiens bon.
Le plan de travail et les couleurs choisies pour Les mirabellesLes mirabelles sur le plan de travail Les mirabelles sous la haute protection des Demoiselles d’Avignon
On me demande quelque fois de peindre mon atelier et de me peindre dans mon atelier. Je ne sais pas si c’est ce qu’on appelle une carte de visite. L’exercice est séduisant et va bien dans un book.
L’atelier – graphite et encre sur papier A5
Je suis dans mon art. Dans ma création. Un jour les cahiers se ressemblent assez pour être rassemblés.
Portrait – On n’est pas sérieux à 17 ans – graphite et encre sur papier A5
Il ne faut pas séparer les éléments. La couleur du jour à donné le titre aux dessins : bonté. Je n’arrive pas encore à faire se coïncider les deux. À 17 ans, je voulais être écrivain pas peintre. Cela m’amuse de penser en écrivant la tournure que pourrait prendre le dessin. En train d’écrire, entourée de mes livres, posters, musiques et ce bocal de spaghettis vide avec des pinceaux dont je ne sais pas à quoi ils servent.
Si j’ai perdu du poids lors du confinement, j’en ai pris au décès de ma grand-mère. Là, je vous dis pas ce que j’ai mangé comme pastas et lasagnes de ma mère. C’en est indécent. Moi qui n’aimais pas le chocolat à l’orange, Sapristi ! ma grand-mère a été longue à monter tant elle avait encore à dire sur cette terre. Je ne sais pas encore le traduire en images. Le texte vient tout seul sans possibilité d’en modifier la forme. Peu importe d’être crue ou non, je sais que nous voulons tous de belles histoires. C’est tout ce qui compte. J’ai racheté des carottes et de la salade, le poids de la casse ne devrait pas apparaître sur mon écriture. Je continue les cretarium au 0.5 et tends vers le 0.3, j’ai racheté le manuel de typographie que j’avais quand j’étais ado – miserere – et des mecanorama, je les aime trop ! Nous sommes des petites natures, des pas grands choses, qui voyagent d’un pays à l’autre de l’Europe jusqu’à trouver la maison où pondre nos oeufs. Il m’arrive de trouver des coquilles dans la forêt et je m’interroge sur l’endroit où peut être l’oisillon. Je ne sais pas les identifier et m’en moque un peu. Je rentre et d’un résumé il en sort gluant une masse de vie. Qu’est-ce que c’est ?
Lorsque je vais à la piscine, sur le chemin, je croise un magnolia. D’année en année, je fais de plus en plus attention à ce qui pousse et fleuri dans la région. On a la chance dans les Yvelines d’avoir une terre verte. Longtemps les quelques champs du département ont nourrit les gens des environs. Nous avons pour une grande part des quetsches, des noix, des pommes et des figues. On dit la terre calcaire et cela peut se vérifier aux gisements que l’on aperçoit sur la route. Avant, le raisin et les fraises des bois parait-il étaient très présents. Ils se sont raréfiés ; les mauvaises herbes les ont remplacés. Le Vexin compte quelques fermes et une grande variété de produits céréaliers. Les brasseurs depuis quelques années se sont réimplantés tout comme les apiculteurs. La chose étant ce qui est, nourricier ne veut pas dire laid. Dans les parcs, le magnolia tient une place à part. Il s’est répandu dans beaucoup d’entre eux à la vitesse grand V. Pourquoi ce choix, je ne saurais dire. Un verger sans arbre décoratif manquerait d’équilibre, il serait lourd avec des arbres au port bas : un charme rétro flattant le jardin à l’ancienne. Le magnolia est présent dans le catalogue français en différentes variétés. J’ai une affection pour le Stellata dont les fleurs sont comme le dit son nom latin en forme d’étoiles. En se promenant, nous avons le Soulangiana et le Grandiflora à la floraison plus tardive. Il m’arrive de cueillir des pétales et d’en mettre dans un bol plein d’eau. De même avec des jacinthes ou des roses. Le magnolia est un cas particulier. Son dessin est très agréable. Son pétale me fait tracer des yeux ses contours. La ligne se trouvant à la base du pétale et se rependant avant de disparaître sur sa longueur m’en apprend un peu sur sa vie. Ce que la fleur aime et supporte, je peux le savoir. Cette année, elles sont très blanches. Elles manquent de lumière et de potassium. On les a planté sans savoir si la terre était faite pour cet arbre. C’est un drame quand on y pense. Dans certains jardins, il serait mieux en pot. Le mien est un invité surprise. Quand j’ai nagé, mes poumons s’ouvrent, je respire mieux et mes yeux épousent la forme de ces fleurs comme un bonheur simple à détacher de sa gangue.
Deux oiseaux et un verre, version au pastel sur feuille A3. Le papier n’est pas adapté au pastel alors j’ai utilisé des bâtons Rembrandt et des crayons Faber Castell puis j’ai mis de la laque Sennelier. Le résultat est réussi. Ça tient.