Au cimetière le jour de la fête des pères.
Mon père dit à ma mère le jour de mes 18 ans « je n’ai pas de fille » et ferme le rideau de la pièce qui forme son bureau et sa chambre.

J’ai toujours adoré les cimetières. Enfant, ainsi qu’avec mon frère, nous nous y promenions souvent. Je regardais les pierres, cherchais l’odeur de la fleur fanée avant de m’en écarter, lisais les inscriptions renseignant sur les âges innocents des défunts. Quelque part, ces enfants morts, me rassuraient sur ma propre existence.
À la sortie de l’adolescence, j’allais souvent au cimetière de Montparnasse, juste à côté de la maison d’édition Albin Michel. Aimant beaucoup Amélie Nothomb, je venais m’y réfugier comme à la recherche d’un contrat et d’un lieu pour travailler. Je ne pensais pas cimetière = lieu de vie. De fait, je préfère de très loin le cimetière de Montmartre, beaucoup plus romantique et en phase avec mes inspirations. Y est d’ailleurs enterré Émile Zola, écrivain et penseur que j’admire toujours. Je ne suis pas Père Lachaise, on s’y perd et les dédales entres les personnalités me font perdre pied.


Dimanche 16 juin, je suis allée rendre visite à mes grands-parents au cimetière de Chatou. Tout va bien, ils sont toujours là. En cherchant la tombe, j’ai lâché les chiens et les personnes croisées étaient tout comme moi fascinées par les pieds de lavande en fleurs. Je crois, non je suis certaine, que l’on grandit bien en allant voir de près la mort.


