Il a vu la lune. Est-ce que ça intéresse quelqu’un ? Non vraiment ça n’intéresse personne. Je ne mets pas de l’argent dans la poubelle. Les freins ont lâché et n’ont aucun rapport avec les blocages mais avec la direction assistée. Quelqu’un a un problème de gestion et heureusement je m’en fous. Chacun son tour.
Apparaît sur le papier un nu que la lumière couvre à moitié. Je l’ai laissée lézarder jusqu’à temps que le portrait prenne visage et nom. Daphné. Il va être écrit sur le vêtement. Et je signerais dans la pierre dans sa nouvelle version. Le mot de passe du projet reste ‘Le nid d’amour’.
Le couteau des cuisiniers japonais s’appelle un kasumi. Il sert à couper le poisson cru et certains légumes. À la maison je n’ai que des couteaux français qui demanderaient à être affutés. Celui-ci est en train de l’être par une cuisinière française My Sweet Faery, une spécialiste de la cuisine sans gluten. Je l’ai peinte un jour où je voulais mettre en avant des femmes dans leur travail tant j’aime ce qu’elles peuvent faire de leurs mains. Que cela soit un métier ou une passion, elles nous apprennent à mieux vivre, à ne pas trahir un rêve d’enfant une fois arrivé à l’âge adulte.
portrait de André au graphite A5 plus rehaut au feutre
Les peintres font parler les écrivains. J’aime bien cet angle pour apprendre à nous connaître. Ce n’est pas une biographie mais une source d’inspiration. C’est enrichissant intellectuellement. Stimulant aussi. Les peintres font aussi dessiner les écrivains. Mais où allons-nous ?
Les cours de Jean-François Debord on été mis en ligne l’année dernière. Ils couvrent la période 2002-2003, juste avant qu’il ne parte à la retraite. J’ai été tentée d’en suivre quelques-uns. L’anatomie je connais, la morphologie pas. C’est organique et décousu. Un peu vite passé à la couleur mais quand on veut apprendre il faut aller vite. J’avais très peur de me mettre à écrire comme on parle. Chose que je déteste. La peur s’est vérifiée. J’ai lâché le crayon immédiatement. Aucun de ces croquis n’a volé de ses propres ailes. Les formes abstraites ont fait sortir les illusions de leurs cases. C’est très terrien comme effet. À faire tous les jours comme une discipline c’est trop difficile. Une à deux fois par semaine est très bien en revanche.
Profil droit. Ma mère me trouve dure, les autres me trouvent douce sur ce portrait. Qui croire ? La perception des choses et des personnes est terrible.
Profil gauche. Mon père n’a rien à dire, ni mon frère, les autres me disent ressembler à un elfe. Mais où allons-nous ? L’imagination des lieux et des époques est communicative car en entendant cela je me mets à penser. Faery.
Deux personnes en une. Des amis disent que je suis duelle. Soit souvent en lutte avec moi-même. Je suis muette. Cela me ressemble quand même beaucoup.
En retour si vous le souhaitez écrivez-moi quelle image les autres ont de vous ? Je sais cela demande un peu de temps. Mais pas trop.
Je l’ai laissé reposer plusieurs mois avant de le reprendre aujourd’hui. Il n’y a rien de plus beau que d’arriver à reprendre un dessin mis de côté très longtemps. Souvent je les perds et dois les recommencer depuis le début. De ces œufs, je n’ai rien oublié. Cela me rend très fière du sujet : j’aime au point de le faire une seconde fois. Un double peut-être pas. Un dessin frère sûrement. 🐣 😃 🐣
L’illustration est inspirée d’une bd de Lorenzo Mattoti. Sur ma peinture, elle est devenue un cadavre, et les montagnes, un visage d’homme. Le croquis de départ se rapproche du mythe de Robinson Crusoé, non d’Ophélie. J’ai repris l’idée du visage qui se confond dans la nature et ravivé le corps de la femme. Elle va connaître une renaissance à la gouache. L’aspect dramatique peut revenir. Je vis la chose en écriture comme au temps de mes premières nouvelles : je voudrais et fais tout pour que mon personnage principal vive et il meurt. Il m’a fallu des années avant que mon héroïne soit vivante à la fin de l’histoire. Le travail à été très difficile. Le problème en peinture est moins d’y arriver que de croire à l’histoire. Il manque quelque chose.
Nymphe – illustration peinte à la gouache en ce moment.
À l’atelier, quelque chose du monde virtuel remonte à la surface. Le dessin laisse apparaître une lettre, quelque fois deux ou trois. On dirait des empreintes venues d’un autre monde.
Je peux m’estimer chanceuse de pouvoir continuer à transporter ce que j’utilise. Les mots. La lettre e que l’on peut voir dans l’oeil de Nymphe est une vision ancienne que j’ai eu à force d’écrire.
Des lettres naissaient à chacun de mes doigts et je tapais avec comme des caractères d’imprimerie sur la machine à écrire. Le festin nu de Cronenberg au terme de cette mue y ressemblait fidèlement.
On peut parier que dans l’écriture, des images finiront par céder de la place dans la mise en relation avec le spectateur. Le lecteur.
Je suis heureuse. Je peux rester sans bouger près de mes pinceaux.
Le mandala, c’est fini. Après plusieurs tentatives assez schizo, je sais aujourd’hui la limite à ne pas dépasser. Pour le calme, on reviendra. Honnêtement, je préfère encore manger de la laitue si c’est pour ça. Dessiner des serpentins m’agite* l’esprit. L’exercice tout de même repose l’imagination. C’est une bonne chose.
Je reprendrais l’aventure l’année prochaine si cela le nécessite et garde précieusement les trois en version dessinées et peintes. 🍂
– illustration format A4 sur papier, à la gouache –
portrait de André au graphite A5 plus rehaut au feutre
Les peintres font parler les écrivains. J’aime bien cet angle pour apprendre à nous connaître. Ce n’est pas une biographie mais une source d’inspiration. C’est très enrichissant intellectuellement. C’est stimulant aussi. Les peintres font aussi dessiner les écrivains. Mais où allons-nous ?