
Je voyais un paysage avec ces couleurs.
Je me souvenais qu’il y avait des fruits dans la cuisine.
Ils étaient aux couleurs du paysage.
Je vois naître un nouveau monde. Je veux le connaître. Je veux le peindre.
Étiquette : nature
Je voyais un paysage avec ces couleurs.
Je me souvenais qu’il y avait des fruits dans la cuisine.
Ils étaient aux couleurs du paysage.
Plus loin, plus bas, du centre de la terre, sous les couches terrestres formées par les événements climatiques.
C’est le moment de faire ses commandes de semences pour celles et ceux qui ont un jardin ou un balcon. Après le nouvel an qui s’accompagne souvent d’herbes non utilisées à jeter dans la nature, je fais le tour des graines récoltées et des graines données dans le périmètre de mes connaissances. Elles ont toutes tenues et cherchent la liberté. J’ai volé des fleurs dans ma vie et des graines comme une pie attirée par l’or. Du coup j’achète des arbustes qui ne vont pas à l’intérieur et que je garde un mois comme un sapin de Noël avant de les replanter dans la forêt. C’est équitable. Certaines sont obligées de revenir là d’où elles proviennent tant le type de sol diffère d’une agglomération à une autre. J’en ai marre de l’ailanthe qu’ils nous ont planté partout en remplacement du ginko (avant cela encore du prunier), c’est moche et question absorption d’air pollué je fais les yeux ronds. Le plan de l’armée secteur espaces verts pue. On a retiré l’amiante depuis longtemps quand même. Salut.
Portrait de mitaines écarlates, auteure du livre de cuisine C’est pas de la tarte.
Le ciel est lavé, après la pluie, malgré la boue, le sol reste assez solide pour marcher sans crotter la semelle des tennis. Le calme est si grand que le bruit dans ma tête sort loin de moi. L’instant présent vit.
Entre deux forces de la nature, les fruits et les visages que je cherche à acclimater me demandent un effort peu commun. Combiner les ruines aux animaux. Je le vois comme une suggestion bienvenue qu’il est temps d’approcher. Pourquoi l’homme continuerait avec sa couronne de fleurs de se croire supérieur sans preuves pour l’attester. Il y a des marqueurs de temps si présents dans l’atelier qu’ils doivent s’inscrire dans l’esprit du lieu. Ces outils s’insèrent avec contrôle et mesure. 🎨
L’atelier est sans dessus dessous mais je tiens bon.
Plan de travail de la semaine
Cela ressemble à un chantier. Très bonne semaine.
Sur le papier, l’ombre du vent rôde. La tempête Ciara emporte le bois mort qui n’est pas tombé de l’hiver. C’est presque un soulagement. On a eu peur que cela soit plus grave. La marche d’hier m’a montrée une nature plutôt réveillée et en bonne santé. J’espère que c’est pareil pour vous. Ce frisson s’est communiqué sur ma table de travail. J’ai continué de faire monter les couleurs. Maintenant j’ai arrêté, cela me donnait trop envie d’écrire. Arriver à réduire autant d’éléments dans mon esprit passe par une autre porte. Le chemin des arts se croise mais ne se ressemble pas. Un fond romantique ressurgit à force de répétitions. Il y a des jours où avec mes crayons de couleurs j’ai l’impression de découvrir le feu. On va ressortir vite.
Tous mes voeux pour cette année 2020 à toutes et à tous.
Santé et Amour.
Regarde ce qui tombe en toi.
Des jours durent une heure.
dessins aux crayons de couleurs sur papier A4
Je commence une nouvelle toile sur des fruits de saison. Il y a quelques années, j’ai découvert un livre d’aquarelle traitant de botanique. L’artiste peignait d’après nature des fleurs mais aussi des fruits qu’elle avait cueillis et cuisinés. Entre deux pages sur ses conceptions de la transparence et de la lumière, des brochettes de fruits apparaissaient comme une distraction au milieu d’une science exacte. J’ai adhéré au principe. Qu’est-ce qui voyage dans le temps ? Quelle est la mémoire et ce qu’on appelle aujourd’hui la mémoire vive ?
Parvenir à lier avec un savoir ancien et le transmettre jusqu’à nos jours passe par différentes phases de réflexions. J’ai beaucoup cherché dans la peinture à l’huile et à l’acrylique si cela avait déjà été fait. J’ai réfléchi sur la question d’aquarelle et me suis demandée si ces sujets étaient transposables. Il y a en peinture une grammaire à respecter. Elle est très difficile. Ce qui pourrait disparaître aussi vite après être apparu fini le plus souvent en pochade. C’est un vrai risque menant à une interprétation fausse de ce qui n’est qu’une « saisie ». Un peintre n’est pas un scripte. Un dessinateur s’en rapproche.
Noter ou annoter ce qui donne à une journée sa lumière, sa température, est un repère sur ses progrès. On peut mesurer l’intérêt que porte l’artiste à cette journée au désir qu’il a d’être à sa peinture. Moi artiste, je dis : « faites que cette journée soit immortelle ». Il y a toujours un message. La grossièreté est de souvent cataloguer une oeuvre dans un registre quand la réflexion de l’artiste est détaché de sa peinture. Cela donne des choses assez vivantes et remarquées. Je ne suis pas à dire que la mode créée l’information par effet de répétition. Mais en peinture il arrive que l’on relève des oublis.
La trouée dans le temps va aspirer le peintre et lui donner son élan nécessaire. Ainsi répéter, mâcher, rabâcher est une ligne de conduite observée. Nous formons un maillon de la chaîne humaine et dans le temps et dans l’espace. L’errance ne peut subsister indéfiniment et le vague à l’âme de l’artiste à ne plus savoir ce qui fait notre époque finirait pas n’être qu’une perte de temps. Chaque jour tout est à refaire, à redéfinir.
Peut-être dans trois mois je penserai autrement. Qui sait.
Célébrer le feuillu m’a inspiré un tour sous les arbres avant de rentrer. Je croyais être une girafe venue manger son repas de feuilles fraîches. Malgré la chaleur, un air frais passait par là et me fis lever le nez. J’ai cueilli quelques feuilles en pensant à Lugnasadh comme un rêve d’un très lointain pays. Je l’ai invité dans le lit, près de la tête comme pour l’entendre me parler de sa nuit en forêt. Divin.
Au cimetière le jour de la fête des pères.
Mon père dit à ma mère le jour de mes 18 ans « je n’ai pas de fille » et ferme le rideau de la pièce qui forme son bureau et sa chambre.
J’ai toujours adoré les cimetières. Enfant, ainsi qu’avec mon frère, nous nous y promenions souvent. Je regardais les pierres, cherchais l’odeur de la fleur fanée avant de m’en écarter, lisais les inscriptions renseignant sur les âges innocents des défunts. Quelque part, ces enfants morts, me rassuraient sur ma propre existence.
À la sortie de l’adolescence, j’allais souvent au cimetière de Montparnasse, juste à côté de la maison d’édition Albin Michel. Aimant beaucoup Amélie Nothomb, je venais m’y réfugier comme à la recherche d’un contrat et d’un lieu pour travailler. Je ne pensais pas cimetière = lieu de vie. De fait, je préfère de très loin le cimetière de Montmartre, beaucoup plus romantique et en phase avec mes inspirations. Y est d’ailleurs enterré Émile Zola, écrivain et penseur que j’admire toujours. Je ne suis pas Père Lachaise, on s’y perd et les dédales entres les personnalités me font perdre pied.
Dimanche 16 juin, je suis allée rendre visite à mes grands-parents au cimetière de Chatou. Tout va bien, ils sont toujours là. En cherchant la tombe, j’ai lâché les chiens et les personnes croisées étaient tout comme moi fascinées par les pieds de lavande en fleurs. Je crois, non je suis certaine, que l’on grandit bien en allant voir de près la mort.
Une fille vole. Sur son tapis, elle mime l’animal qui lui donnera des ailes.
Diablogue.
– Elle a eu un enfant.
– C’est bien, et elle a un travail ?
– Non. Artiste est une exception, tout le monde ne peut pas l’être.
J’ai oublié de fêter Beltane il y a deux semaines. Je ne m’en suis même pas rendue compte. L’erreur est réparée avec une bougie, de l’encens, des noix et un jus de pomme. Ne manque qu’une couronne de fleurs à tresser.
Un reste de brume du matin. La nature nous berce avant d’enlever le coton.
Se perdre dans l’espace, telle était la phrase que j’ai pu entendre cette semaine. Arrivée à dimanche avec une semaine chargée entre Paris et Versailles, je suis trop heureuse de faire quelques pas en forêt. Il n’est pas neuf heures, ce qui m’arrange. Le « bonjour » après dix heures m’énerve. Deux cyclistes tentent une côte en faisant le brief des incivilités au volant. Quelques dames promènent un chien. Je suis occupée à chercher des primevères. Je suis déçue car les feuilles sont à peine sorties. Je m’en remets aux arbres et regarde ceux qui se sont réveillés. Le bouleau que je croise à de multiples reprises se porte très bien. Il en est un qui me fait revenir en arrière. Je sais avoir manqué quelque chose mais n’arrive pas à savoir quoi. L’arbre est rempli de branches mortes. La lumière du soleil se reflète sur son bois. Je touche son tronc pour savoir comment il va. Tout à l’air d’aller mais quelque chose ne va pas. Je commence à retirer une branche morte. Puis une deuxième. Elles sont petites pourtant elles semblent une gêne en moins sur lui. J’en enlève de plus grandes avant de reculer et de constater ce qui arrive. L’arbre n’a rien de sauvage. Il a tout d’un arbre civilisé. Ses différents troncs qui partent sans doute de rejets s’enlacent. J’en vois deux sur ma gauche et deux autres devant allant sur la droite. Ils le font si haut que mon coeur se lève. C’est du Camille Corot. Cela me met en transe. Il y a une assurance et une légèreté qui m’empêche de partir comme si rien ne s’était passé. En m’en allant, je croise à nouveau les dames qui m’ont vues. Elles me disent que plus bas il y a de toutes petites fleurs sur un noisetier si je veux continuer à étudier les arbres. Un noisetier a des chatons mais je veux bien voir. En voyant de quoi elles me parlent je me rends compte qu’il s’agit d’un chèvrefeuille déjà démarré. C’est amusant ce je sais et je ne sais pas en même temps. Je rentre avec un morceau de l’écorce du bouleau et achète des noisettes pour l’apéro. On va encore dire que je perds mon temps mais je n’en crois rien.