
La chaussure. Je change de place. On dirait que même l’heure d’arrivée est calculée. Il y a quelque chose de très snob. C’est bizarre, on n’est pas au lycée au sens officiel mais les plus jeunes atterrissent pour certains d’une salle voisine comme en rattrapage. Deux filles font les clowns, elles n’arrêtent pas de parler. Je suis à gauche d’une femme qui a à peu près mon âge. La consigne était de venir avec une chaussure. J’ai pris mes bottines. J’aurais préféré quelque chose que je n’ai pas : des escarpins. Tout sauf la basket.
Dans le premier temps, on met dans une vignette les différents angles de la chaussure. Se la représenter en 3 dimensions. Le prof est très encourageant. Cela évoque le modélisme. Et la numérisation. Je commence à mieux percevoir ce qu’il fait avec chacun. Il bouge en continu. Pour éviter d’accélérer le cours, il part de la salle. Il dit fumer mais ne sent pas la cigarette. Il sent très bon, c’est le deuxième cours, il a déjà pas mal transpiré. Il change souvent d’apparence, c’est très miroir comme comportement. Il est un peu nous tous. Ses yeux, il repart au début et change d’œil directeur. Il est sur nous et met tout le monde au même rythme.
Je suis avec ma chaussure certaine qu’elle rentre dans la feuille. J’applique la fenêtre au mot prêt et cela fonctionne à merveille. Mon dessin est trop grossier, je ne m’énerve pas. Il y a des motifs comme les écailles d’un crocodile. Je pense à Magritte et son tableau sur les chaussures-pieds et l’arbre. Je ne vois pas la même chose depuis mon modèle. Je vois ce crocodile monter et chatouiller mes dessus de pieds. Cela me démange de les masser pendant que je les dessine. Les plis qui se sont formés m’aident à créer des déserts. J’ai besoin d’aide. Je vois mon crocodile me quitter. Il ne me reste de lui que cette peau usée transformée en chaussures. Je trouve mon corps mou, ça ne va pas. Il y a du sable dans la tête et ces chaussures qui déforment mes pieds. Je mets un crayon plus gras, essaye d’oublier Alexandrine. Je n’ai pas trop besoin de prendre ce temps pour savoir ce que je représente. C’est après qu’il faut mettre pause sur le défilé des pensées qui sont venues en dessinant. Je voudrais la refaire.
Le prof arrive, s’assoie et me montre les 3 points qui l’intéresse. Je sens mon pied aller mieux. Il insiste sur la dimension, l’exactitude, les proportions. Mon angle ne permet pas de raccourci. Je suis obligée de revenir sans appuyer jusqu’à ce que je sente ce qu’il me dit. Sur la feuille et non sur moi. C’est le creux du pied, le coup de pied et la plante qu’il aime tenir. Je m’empêche de la refaire. Je reste avec la même jusqu’à ce qu’un mieux me satisfasse. Je complimente mes voisines qui ont fait des escarpins et pars de la salle.
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