Étiquette : culture

Attrape-le

Pour le travail je lis beaucoup en ligne. Les documents des musées viennent plus vite à mon secours que mon dictionnaire. Je les attrape au vol ou dans le fond des archives. C’est une goutte dans l’océan. Ce support fait du bien dans nos vies. Je ne peux contenir une telle quantité d’informations chez moi. C’est impossible et peu réaliste. Je songe à les répertorier pour nouer plusieurs accès à la culture. Le mode pass culturel avec un tronc commun pour un échange équitable.

Kasumi

illustration à l'aquarelle sur papier format a5
Illustration à l’aquarelle sur papier format A5

Le couteau des cuisiniers japonais s’appelle un kasumi. Il sert à couper le poisson cru et certains légumes. À la maison je n’ai que des couteaux français qui demanderaient à être affutés. Celui-ci est en train de l’être par une cuisinière française My Sweet Faery, une spécialiste de la cuisine sans gluten. Je l’ai peinte un jour où je voulais mettre en avant des femmes dans leur travail tant j’aime ce qu’elles peuvent faire de leurs mains. Que cela soit un métier ou une passion, elles nous apprennent à mieux vivre, à ne pas trahir un rêve d’enfant une fois arrivé à l’âge adulte.

Scène d’intérieur

crayon de fusain sur papier étude o
crayon de fusain sur papier étude A5

Fait au musée des Beaux-Arts de Rouen fin 2016.

Je n’ai pas noté le nom du tableau sur le moment. D’ici quelques jours, je devrais le retrouver par la magie des réseaux. Mais il a quelque chose de spécial. Le dos et le visage font très Ingres.

Son et silence

cimetière de Sète
mouettes silencieuses au cimetière des marins

Depuis 2015, je n’ai pas pu retourner à Sète, ville qui a enterrée Georges Brassens, pays de la joute givordine et vue admirable au port d’une mer calme et bleue. J’aime cette ville depuis un premier voyage enfant. Y revenir à l’âge adulte m’a mené à quelques mètres des mêmes rues. Avec deux amis qui me logeaient, nous sommes partis en excursion. Nous avons visité le musée de la marine, évité Paul Valéry, bavardé chacun de son côté devant les œuvres exposées au MIAM (Musée International des Arts Modestes), mangé au port du loup de mer, laissé le moelleux au chocolat aux abeilles et fini notre périple au cimetière des marins. On s’est mis en tête de rester ensemble avant de remarquer que nous avions un souvenir à protéger. J’ai grimpé en haut en prenant plusieurs escaliers et passages entre les tombes. Les mouettes en cette fin d’après midi se posaient au sommet des chapelles et caveaux familiaux. Elles laissaient le vent les laver sans se laisser distraire. Les ruines, la roche et les tombes, ne parlaient pas. L’histoire a commencé en regardant les gestes laissés des visiteurs. Le rangement des arrosoirs, le placement des briques autour du robinet, la peinture sur les seaux, le nombre pair pour chaque objet suggérant mille choses. Nous sommes repartis à la nuit tombée pour Palavas les flots et avons fait silence. On a aussi évité le karaoké et le casino. L’honneur était sauf. Nous avons surtout aimé le son qui arrive après, la brise emprisonnée dans l’oreille interne.

rampe d'escalier au cimetière de Sètearrosoir du cimetière de Sèterouille et peinture au cimetière de Sèteroses anciennes au cimetière de Sète

L’ombre des débuts

L’ombre des débuts, retrouvé sur un carnet de pastel commencé en 2016. Il s’est laissé oublier puis est revenu. Le confinement que nous vivons n’est pas sans présences.

pastel 2016

Buddha est partout. Il était en petit chez moi par terre. Comme un guide à mes pieds, il me faisait incliner la tête pour mieux regarder ce qui se passe en bas. Je l’ai cassé un jour de colère. À cet endroit, il n’y avait plus rien. Les somnambules que nous sommes ont des rêves venant d’autres têtes. On se laisse guider puis piéger. On pourrait dire que reconquérir son identité et retrouver les âges de la vie ne se demande pas. Toute réussite est imposée même si elle surprend. Buddha existe au-delà de toute perception c’est pourquoi sa présence fait du bien. Parler à des fantômes non. Depuis la terre, nous n’avons pas le droit d’être des âmes errantes. 🌾

Pastel sec | 16 x 25 cm sur papier Sennelier | 2016

Le pastel n’est pas dans mes habitudes. De lui sort de l’improbable. Des croisements sur des sujets occupent mon esprit et vont dans la même case.

Deux carrés de couleurs

L'Alpha / Hommage à Paul Klee - aquarelle

Il était prévu cette semaine une exposition par le Vesin’Art sur l’abstraction au Vésinet. Comme toutes les manifestations culturelles, l’exposition a due être annulée. On rêve d’un report mais rien est sûr car la ville est déjà très occupée par d’autres événements. Je devais participer pour la première fois à ce rendez-vous artistique avec deux aquarelles. J’ai eu tout le mal du monde à choisir dans mes peintures des œuvres qui soient guidées par ce que je fais en art figuratif. Je suis heureuse d’avoir au moins vu l’installation. Cela m’a apporté du travail supplémentaire et permis de voir que ce qui était en cours avait pu mûrir en un regard. Je les ai photographiées. Une façon de dire que le moment a existé.

-> https://www.levesinart.com/artistes

Affiche mars 2020 - exposition sur l'Abstraction

IMG_20200318_180442

Au Botanique

Le fil de l’actualité ne suit pas le cours de la vie. Il laisse remonter des évènements plus anciens. Je suis allée plusieurs fois à Bruxelles. L’air de la ville met des accords dans mes cahiers.

J’entends la musique monter. Mes cahiers se remplissent.

img_9625

aquarelle et crayons de couleurs format A5

Les adieux éternels

Les adieux éternels.

image_6483441

Autel automnal de Samhain de cette année. La tradition est amusante. J’essaye autant que je peux de la perpétuer.

Il y eut des années où je le mettais à table à la place d’un hôte. Avec des bougies et, par exemple, une salade composée, des petits pains à la courge et aux noisettes, des pommes au four et un verre de Sancerre.

L’origine est wiccane, une tradition italienne datant des Romains où les orgies étaient fêtes communes. Je survole un peu ces histoires anciennes qui sont les origines de la foi et des croyances religieuses. Je suis trop moderne. Mais je ne peux nier le charme qu’opère sur moi cette célébration de la vie ou comme ici de la mort.

Marcher au cimetière, revoir des vieux films au fond du canapé et penser aux disparus. Cela a forcément un visage. Au moins une forme. Je m’interroge vraiment sur la forme.

Brochette de fruits

Je commence une nouvelle toile sur des fruits de saison. Il y a quelques années, j’ai découvert un livre d’aquarelle traitant de botanique. L’artiste peignait d’après nature des fleurs mais aussi des fruits qu’elle avait cueillis et cuisinés. Entre deux pages sur ses conceptions de la transparence et de la lumière, des brochettes de fruits apparaissaient comme une distraction au milieu d’une science exacte. J’ai adhéré au principe. Qu’est-ce qui voyage dans le temps ? Quelle est la mémoire et ce qu’on appelle aujourd’hui la mémoire vive ?

Parvenir à lier avec un savoir ancien et le transmettre jusqu’à nos jours passe par différentes phases de réflexions. J’ai beaucoup cherché dans la peinture à l’huile et à l’acrylique si cela avait déjà été fait. J’ai réfléchi sur la question d’aquarelle et me suis demandée si ces sujets étaient transposables. Il y a en peinture une grammaire à respecter. Elle est très difficile. Ce qui pourrait disparaître aussi vite après être apparu fini le plus souvent en pochade. C’est un vrai risque menant à une interprétation fausse de ce qui n’est qu’une « saisie ». Un peintre n’est pas un scripte. Un dessinateur s’en rapproche.

img_9231

Noter ou annoter ce qui donne à une journée sa lumière, sa température, est un repère sur ses progrès. On peut mesurer l’intérêt que porte l’artiste à cette journée au désir qu’il a d’être à sa peinture. Moi artiste, je dis : « faites que cette journée soit immortelle ». Il y a toujours un message. La grossièreté est de souvent cataloguer une oeuvre dans un registre quand la réflexion de l’artiste est détaché de sa peinture. Cela donne des choses assez vivantes et remarquées. Je ne suis pas à dire que la mode créée l’information par effet de répétition. Mais en peinture il arrive que l’on relève des oublis.

La trouée dans le temps va aspirer le peintre et lui donner son élan nécessaire. Ainsi répéter, mâcher, rabâcher est une ligne de conduite observée. Nous formons un maillon de la chaîne humaine et dans le temps et dans l’espace. L’errance ne peut subsister indéfiniment et le vague à l’âme de l’artiste à ne plus savoir ce qui fait notre époque finirait pas n’être qu’une perte de temps. Chaque jour tout est à refaire, à redéfinir.

Peut-être dans trois mois je penserai autrement. Qui sait.